Trois poèmes de Ungaretti (texte italien et traduction de Jean Lescure)

Ma découverte de la péninsule poétique italienne s’est d’abord faite par les poèmes de Giuseppe Ungaretti. Notamment par ceux de son premier recueil, L’allégresse, écrit en grande partie pendant la première guerre mondiale, et qui contient des moments bouleversants. C’est toujours celui de ses recueils que je préfère. Peut-être que, si j’étais parfaitement honnête, je reconnaîtrais que ce que j’aime chez Ungaretti, c’est ce qui me rappelle Apollinaire… Mais il n’y a pas que ça. Il y a aussi – l’Italie, en somme.


Ce soir


Balustrade de brise
pour appuyer ce soir
ma mélancolie

Versa, 22 mai 1916

Stasera

Balaustrata di brezza
per appoggiare stasera
la mia malinconia

Versa il 22 maggio1916


Allégresse des naufrages


Et tout de suite il reprend
le voyage
comme
après le naufrage
un loup de mer
survivant

Versa, 14 février 1917

Allegria di naufragi

E subito riprende
il viaggio
come
dopo il naufragio
un superstite
lupo di mare

Versa il 14 febbraio 1917


Soldats


On est là comme
sur les arbres
les feuilles
d’automne

Bois de Courton, juillet 1918

Soldati

Si sta come
d'autunno
sugli alberi
le foglie

Bosco di Courton luglio 1918

Ungaretti, Vie d'un homme, traductions de Jean Lescure, Poésie Gallimard.


Modigliani, Zouave


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