"L'hiver grec"

Friches est une revue limousine, ce qui la rend d'emblée sympathique; c'est une bonne revue, avec des invités de qualité (je ne dis pas ça parce que j'y suis parue...); et c'est aussi une belle revue, imprimée non pas à l'ordinateur mais en typographie — les lettres ont du relief, des lettres bien noires qu'on sent sous les doigts ! Dans le n° 108, quelques-uns de mes poèmes y ont été publiés. Ils sont extraits de la série "Paros".

  
l’hiver grec


le centre de Paros se trouve au nord
de la plage de Kryos
entre la baie et les falaises
l’arrondi et le raidi
près de chez l’iguane

l’hiver y est le printemps
le printemps y est le vent
hiver de pâquerettes et d’anémones

ailleurs les arbres croulent
sous les boules de Noël
à Nauplie les orangers
à Samos les grenadiers

en Arcadie aussi
la mort existe


Fresque de la Villa Livia, Rome

Vide-poche: Roberto Lavagna et Olivier Cena

Ce qui est insupportable : le fait que
« C'est le secteur financier qui impose sa manière de voir les choses au monde entier. On préfère sauver les banques plutôt que les gens qui ont des crédits immobiliers à rembourser. »
A lire dans la lumineuse interview de Roberto Lavagna (Libération), le ministre de l’économie argentin qui a sorti son pays de la crise en 2002 en refusant « l’aide » du FMI.

Ce qui est encore plus insupportable :
le fait que des personnes apparemment intéressées par l’art (puisqu’elles ont choisi d’en faire leur métier), au lieu de proposer, en artistes, une alternative à ce mode de pensée unique dominé par l’argent, préfèrent s’y assujettir en trahissant l’art.
Il y en a beaucoup parmi les « artistes », mais Damien Hirst est l’un des traîtres les plus emblématiques (et les plus riches) :
« Lui a tout compris de notre époque. Il travaille à l’image des banques : il ne donne pas, ne produit rien et ne prête qu’aux riches ».
A lire dans ce Télérama du 25 février 2012: la chronique d’Olivier Cena.


Quentin Metsys : Le prêteur et sa femme

Vide-poche: le peintre espagnol Antoni Tàpies

Un commentaire sur l’œuvre du peintre espagnol Antoni Tàpies, qui vient de mourir :

« ...le silence, le calme, l’introspection, la contemplation, le réel... »

Quel beau credo artistique !
Entendu sur France Culture, dans l’émission Du Jour au lendemain d’Alain Veinstein (le 10/02/12).


Tableau d'Antoni Tàpies

Une transformation

la poésie est un art, c'est-à-dire une transformation :
transformation de la matière en du spirituel

– matière : vie, et (pour la poésie) langage

– spirituel : faute de savoir nommer ce vers quoi tend l’art – car cela n’est pas – cela devient à chaque fois que l’art réussit – d’où le frisson, l’effusion éprouvée à la lecture du poème, chaque fois semble être une première fois – puis cela s’évanouit – c’est toujours à recommencer – comme l’amour – ou comme la création du monde


Giorgio Morandi, Natura morta