e. e. cummings, "who are you, little i"


Les poèmes ne sont pas toujours là où on les attend. A vingt-deux ans, je me retrouve sur une petite route d’Irlande au milieu de nulle part à discuter avec un Américain qui me parle entre autres choses de son poète préféré, e. e. cummings, un type qui n’aime pas les majuscules. Il me récite un de ses poèmes en attendant qu’une voiture passe (et si possible s’arrête).
A la ville suivante (une voiture étant passée), je trouve une bonne librairie – à cette époque-là, on en trouvait encore dans les îles britanniques. Et j’achète un recueil de ce type sans majuscules.



who are you, little i

(five or six years old)
peering from some high

window; at the gold

of november sunset

(and feeling that: if day
has to become night

this is a beautiful way)

qui es-tu, petit je

(cinq ou six ans)
qui regarde du haut

d’une fenêtre ; l’or d’un

soleil couchant de novembre

(et qui trouve que : si le jour
doit devenir nuit

cette manière-là est vraiment belle)



[Traduction © Murièle Camac]


Photo Vivian Maier
  

2 commentaires:

  1. une miette sur la route et l'appétit s'éveille ! Merci je vais suivre cette piste (moi aussi, j'ai du mal avec les majuscules !)

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    1. Apollinaire qui avait du mal avec la ponctuation a inventé le poème sans ponctuation... Parfois c'est bien d'avoir du mal !

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