13 novembre 2015 : après


Il y a un an, le 13 novembre 2015, vers 21h30, j’étais à Paris dans le 11e arrondissement et je remontais la rue de Charonne depuis Bastille. Il faisait doux, les terrasses de café étaient pleines, et rien, pas même les voitures de police qui, de plus en plus nombreuses, passaient à toute allure en hurlant, n’aurait pu me faire concevoir le massacre qui était en train d’avoir lieu un peu plus haut dans la même rue de Charonne. Et ailleurs, dans d’autres rues, tout près.

Depuis, Paris n’a plus été tout à fait le même. Il y a une tristesse qui plane. Et des militaires qui patrouillent, même dans les endroits les plus paisibles.



J’ai vu passer trois militaires
en bas de la rue des nonnains d’Hyères
hier trois treillis trois mitraillettes
adieu jadis adieu nonnettes

oh tous ces siècles assassins
siècles de tueurs et de saints
oh le nouveau siècle est violent
pauvre Paris que j’aimais tant

faut-il qu’on y patrouille
faut-il qu’on ait la trouille
faut-il qu’on y meure souvent
aux terrasses sous les auvents

buvons le café buvons le vin       
assis entre terreur et chagrin
buvons l’alcool sobre l’eau amère
qui calme la mort et les nerfs


Picasso, Les Deux Saltimbanques

4 commentaires:

  1. L'art à Paris en devient précieux, résistant, profondément pacifiste...
    (Merci pour ce beau poème sur la laideur du monde.)

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    1. L'art et la beauté ne peuvent pas grand chose contre les brutes, mais je ne vois pas d'autre vraie réponse...

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  2. Très beau texte. Nous n'avons pas d'armes. Que des mots des images pour ajouter un peu de beauté à ce monde qui en manque tant

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