Vide-poche : Pierre Bonnard

« La surface peinte a ses lois qui ne sont pas celles du monde. […] Bonnard déforme pour rendre visible. ‘Déformation pour la visibilité’, écrit-il dans son journal. Et cela fait de lui un acteur majeur de la modernité, un acteur silencieux, certes. Car il est le dernier représentant de la peinture muette […]. Les avant-gardes, elles, on le sait, seront bruyantes et bavardes, elles prôneront à grand renfort de scandales et de manifestes la disparition des formes classiques du nu. Bonnard, lui, ne prône pas cette disparition, il la montre. Il sait qu’il peut toucher avec sa seule sensibilité, qu’il est inutile de prêcher quand le silence de la peinture suffit, qu’une œuvre n’est jamais aussi puissante que lorsqu’elle s’abstient de toute forme démonstrative, de toute idée militante. Ni doctrine ni principe à défendre. La théorie, qu’elle soit classique ou révolutionnaire, est toujours appauvrissante. Seul compte pour l’artiste, comme il l’écrit à Matisse, de posséder ‘un esprit nettoyé de toute vieille convention esthétique’. Un esprit libre. »

Philippe Comar, « Marthe nue », in Pierre Bonnard. Peindre l'Arcadie, Musée d’Orsay, 2015


Pierre Bonnard, Sortie de la baignoire, 1926-1930

3 commentaires:

  1. En va t-il de même pour la poésie...?

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    1. Ça se pourrait bien. Je laisse chacun juge... Mais bon, le parallèle me convient, oui.

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