Un poème de Niki-Rebecca Papagheorghiou

On n’en a jamais fini avec l’Odyssée, hein. C'est comme une île au milieu de la mer, on se sent attirée, on est obligée d'y aller, d'y retourner. De s'en agacer.  De la quitter.
Surtout quand on est grecque.




Odyssée

J’errais indéterminée dans l’Odyssée. Epouse le cyclope, me disaient-ils tous. Que vous fassiez croître l’engeance des Cyclopes, que vous ayez des enfants borgnes. Que vous bâtissiez autour de votre caverne des murailles cyclopéennes. Mais moi je craignais l’infirmité et l’enfermement. Qu’elle se déroule sans moi cette Odyssée, où il n’est pas possible d’être Circé, d’être Calypso et Nausicaa.


Οδύσσεια

Πλανιόμουν απροσδιόριστη μες στην Οδύσσεια. Να παντρευτείς τον Κύκλωπα, μου λέγαν όλοι. Ν’αυξήσετε το γένος των Κυκλώπων, να κάνετε μονόφθαλμα παιδιά. Να χτίσετε τριγύρω στη σπηλιά σας Κυκλώπεια τείχη. Μα εγώ φοβόμουν το σακατιλίκι και την κλεισούρα. ΄Ας ξετυλίγεται χωρίς εμένα αυτή η Οδύσσεια, όπου δε γίνεται να είμ’ η Κίρκη, να είμ’ η Καλυψώ κι η Ναυσικά.  


Niki-Rebecca Papagheorghiou, Le Grand fourmilier. Petites proses
édition bilingue, traduit par Evanghelia Stead, Cheyne, 2017


Portrait du Fayoum

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