D'après Kontakhof de Pina Bausch


D’habitude je ne mets pas de work in progress sur ce blog, pas de poèmes écrits tout récemment – je m’étais dit que je mettrais de préférence des poèmes déjà validés par une publication, il faut bien se fixer des règles. Mais comme il faut bien aussi faire des exceptions aux règles, voilà pour une fois un poème tout récent. Je l’ai écrit après avoir vu au Théâtre de la Ville à Paris Kontakhof, le spectacle de Pina Bausch dont on trouve des extraits dans le documentaire Les rêves dansants. Il est directement inspiré du spectacle. Je ne suis pas du tout sûre qu’il soit fini.



je descends l’élégant escalier de marbre
dans ma robe de satin pastel
la main glisse distinguée sur la rampe en fer forgé
j’ai le pas altier dans mes chaussures à talon
un port de danseuse
je souris délicatement   
les os fins sous la peau
j’en fais peut-être un peu trop

(en bas de l’escalier j’entrouvre
la porte d’une cave
il y a de la lumière à l’intérieur
je n’ose pas pousser la porte
si j’entrais je trouverais peut-être du monde)

le groupe des femmes en robes de satin pastel
le groupe des hommes en costume noir
c’est dans la salle de bal qu’ils se trouvent
la danse va commencer
la comédie sociale

je souris gracieusement je rejoins la ronde
les corps anguleux les gestes dérisoires
les offenses les ratages
on en fait peut-être un peu trop

on est mal assortis
et les histoires d’amour finissent mal en général


Kontakthof, photo Maarten van den Abeele


4 commentaires:

  1. Difficile exercice, celui de la mise au pas dans la ronde des contacts amoureux. L'exercice est joyeux, léger mais tourne vite à l'aigre. Le temps de l'un n'est pas le temps de l'autre. Chacun sa chacune, on danse, on s'étourdit mais la mascarade n'est pas loin.
    On sent tout ça dans votre texte, la musique est grinçante, les rouages ne sont pas bien huilés et ça peut faire mal.
    Le "et" de la dernière ligne sonne comme un hiatus.
    Est-ce voulu ?

    Marie-Brigitte Ruel

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    1. Oui, je suppose que c'est voulu... Un hiatus comme un geste qui dérape.

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  2. je découvre ce texte, je l'aime beaucoup...

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