C’est une élégie, sans
doute, mais jamais larmoyante, ni désespérée, ni même triste à proprement
parler : plutôt errante, vacillante, « en équilibre » – en
manque d’équilibre.
Une jeune fille a disparu,
elle flotte. Une femme écrit (« celle qui l’avait engendrée »),
elle flotte aussi. Mais son corps est toujours là. « Peut-être découpée,
tranchée, mais pas exsangue ».
Voilà déjà un an qu’est
paru ce recueil très fort, marquant, qui ne nous emmène jamais là où l’on s’y
attendrait.
Plusieurs fois par jour
la fille revient
s’empare de moi
grappin à plusieurs crochets qui
s’enfoncent dans ma chair
me soulèvent très haut
et me lâchent:
je me défais en morceaux.
Quand je me réarticule
je mets la fille disparue
dans mon échine.
Sanda Voïca, Trajectoire déroutée,
Lanskine, 2018
Très marquant en effet, mais d'une poésie rare, entre l'incarné et le désincarné, un équilibre déséquilibrant qui produit la juste vibration, celle qui atteint le cœur. Encore faut-il en avoir un. Le mien est vieux, recousu, mais il fonctionne et reçois très bien ce poème habité. Merci pour le voyage.
RépondreSupprimerVoyage dérouté, déroutant : le genre de route qu'on aime suivre. Merci pour votre passage ici.
SupprimerThannk you for this
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