De Cécile A. Holdban,
j’ai d’abord connu l’activité picturale (étonnamment prolifique !). Sur Facebook,
qui a parfois du bon, elle poste beaucoup de petits dessins et de petites
peintures, souvent accompagnées de petits poèmes. Et c’est toujours surprenant,
inventif, merveilleux… – non, je ne dirai pas poétique, malheureusement ce mot est devenu tellement galvaudé,
utilisé pour tout et n’importe quoi, comme une sorte d’équivalent adulte de mignon, qu’il n’est plus possible de
l’employer. Alors disons plutôt : lumineux.
Dans ses recueils de
poésie, on retrouve le même ensoleillement, le même scintillement des mots. Peut-être
tout particulièrement dans celui intitulé L’Eté,
évidemment… Quelque chose illumine chaque poème, même si dès le premier « la nuit entre / goutte à goutte
derrière mes yeux » avec le sentiment d’une « disparition » ;
même si le lyrisme du recueil oscille entre d’un côté sensualité, exaltation,
et de l’autre sentiment élégiaque. Si ce
n’est le soleil, alors ce sont les étoiles qui donnent cet éclat : « et dans ma paume je
garde / un peu d’eau et quelques étoiles ».
Parcourant des pays,
parcourant des paysages et des visages, Cécile A. Holdban recrée chacun d’eux avec
ses touches de couleur et de lumière particulières.
Les délicates
illustrations de ce recueil sont de Bobi+Bobi.
OMA
A Rosalie
Szén, Oma,
qui vécut
entre trois langues et trois pays
Le lait a une peau
je la déchire de la
pointe du doigt
les fenêtres de ma
mémoire
sont ainsi :
le raisin doux qui me
valut
ma seule gifle
les poissons autour de
mes chevilles
le chemin de la source à
jamais inversé
la moustache de l’âne
et ma danse autour de ton
cercueil
il faisait sombe là
où mes yeux te
cherchaient.
Cécile A. Holdban, L’Eté, Al
Manar, 2017
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