On ne les trouve pas en librairie. Ni en bibliothèque. Même
pas dans les salons des petits éditeurs (c’est dire). Pour y avoir accès il
faut être hyper-initiée : c’est-à-dire connaître la revue confidentielle
qui s’en occupe et s’y abonner. En général, on fait ça parce que qu’on est
soi-même un auteur (inconnu) et qu’on veut soi-même publier (et qu’on pense que
Gallimard ne va pas nous accepter du premier coup) et puis qu’on se dit qu’il
faut se serrer les coudes entre déshérités. (Ou alors, si ce n’est pas ça,
c’est qu’on est un proche de l’auteur).
Donc au début on n’est pas trop sûre qu’ils vont vraiment
nous intéresser, ces mini formats, et puis tiens, surprise, en fait,
si ! En fait, c’est pas mal du tout !
Les mini formats ont une vie un peu ingrate et pourtant,
quand on leur donne leur chance, on y trouve de vrais beaux brins de poèmes.
Ma sélection sera très limitée (je n’ai pas accès à tous les
mini formats qui circulent…). Pour commencer, Murièle Modély.
Ça commence
toujours pareil
d’abord
rien
puis bang !
(un point)
rebang !
(une courbe)
rerebang !
(un mot)
Assise par terre
sur la terrasse
le doigt dans mon filet
de salive
j’écris
un mot
une courbe
un poing
ou rien
Murièle Modély, extrait de A la
lettre, Mi(ni)crobes n° 38 (revue Microbe)
Sophie Calle, Prenez soin de vous |