Affichage des articles dont le libellé est Quignard. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Quignard. Afficher tous les articles

Vide-poche : Pascal Quignard


« L’écriture tout à la fois matérialise et rompt en morceaux la langue jusqu’alors continue, invisible, magique, venteuse, vive, aérienne, l’écriture précipite la langue. »

Pascal Quignard, Petits traités
 (cité dans L'Aventure des écritures. Naissances, BNF, 1997)

Matthias Grünewald, détail du retable d’Issenheim (St Jean Baptiste : "Il faut qu'il grandisse, et moi, que je diminue")

Vide-poche : Pascal Quignard


Pascal Quignard dans Les désarçonnés opère une remontée – subjective, poétique – vers les origines de l’humanité :

« L’espèce humaine est spontanément hallucinatoire (bien plus qu’auto-dissimulatrice).
Elle est inconsciente non pas en ce qu’elle refoule mais en ce qu’elle ne perçoit jamais le réel.
Les hommes ouvrent rarement les yeux sur l’anarchie terrifiante de la chronique humaine. Toute catastrophe devient sous les yeux humains, c'est-à-dire au fond de leur mémoire inévitablement linguistique, une épreuve qui a un sens. (…)
Le fait de dire est oublié derrière ce qui est dit.
Le quod de la langue est oublié au profit du quid de la pensée. »

Pour reprendre les termes de Pascal Quignard : la poésie n’empêche pas l’hallucination ni la transformation de l’anarchie en sens – autant empêcher à l’humanité d’être humaine – mais elle met en lumière l’origine « inévitablement linguistique » de l’hallucination.
Elle n’efface pas « ce qui est dit », mais elle se souvient de l’importance du « fait de dire ».


© Jonathan Shimony


Un poème de Pascal Quignard dans une traduction de Pierre Alféri


Un mythe grec intemporel qui dit la puissance de la musique, la mort et l'amour perdu ; un poème écrit en latin par Pascal Quignard ; une traduction en français de Pierre Alferi : magnifique. Ce n’est pas tous les jours qu’on tombe sur une splendeur pareille.



Terreur – 
il tourna les yeux vers l’arrière
les yeux séduits
par la luxuriance – une friche
– il emprunta dans un profond silence
un sentier qui montait 
abrupt obscur
bordé de nuées opaques 
– une parole. 


Terrassante 


Pascal Quignard, Inter, Argol (2011) ;
traduction Pierre Alferi

Tableau d'Anselm Kiefer