Comment aborder la poésie internationale contemporaine sans l'aide d'un médiateur comme les revues ? Par exemple, que connaîtrais-je du charme de certains poètes norvégiens sans les échantillons qu’en
donne le numéro 154 de Décharge ?
Un texte de la poète Torild Wardenaer, née en
1951 :
Rapport de déesse VII
J’entends quelqu'un dire que Paris a rompu ses amarres et
qu’on l’a vu planer au-dessus d’une cour d’école en
Finlande. Cela ne me surprend pas, j’ai toujours pensé que les métropoles finiront par se détacher pour dériver vers le nord, vers les
grands deltas de la Laponie. La rumeur m’incite à lire la théorie de la relativité, mais
je n’y comprends vraiment rien, et au lieu de ça je taille dans ma chevelure,
elle est belle et sombre pleine de minéraux de traces de matière alors je
l’étale sur la terre du carré de légumes m’en retourne tout droit vers l’an
1410 me jette dans l’herbe car c’est l’été et je suis dans la force de l’âge et
l’Hadès, heureusement, n’est qu’un lieu quelque part dans l’Antiquité.
Torild Wardenaer, Décharge n° 154
(traduit par Anne-Marie
Soulier)
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© Elena Chernyshova, série Norilsk |