Mina Loy, le recueil "Il n’est ni vie ni mort"


De Mina Loy, on ne peut qu’admirer le choix courageux d’une vie libre pour une femme de son époque – l’indépendance d’esprit, la curiosité, les multiples expériences de vie et de création. Dans son œuvre, me retiennent particulièrement les poèmes satiriques, d’un impitoyable féminisme.



Le mariage réussi ou l’insipide histoire de Gina et Miovanni

[…] 

Le soir venu ils regardaient par leurs deux fenêtres
Miovanni par la fenêtre de sa bibliothèque
Gina par la fenêtre de sa cuisine
Au milieu des pots et des poêles
Où si gentiment il la gardait
Où si sagement elle s’occupait
Pots et poêles             elle y cuisinait
Toutes sortes de sialalogues
Certains disent            que ces heureuses femmes sont immatérielles

Arrivés à ce point nous pourrions nous passer d’elle
Gina étant femelle
Mais en fait elle était plus que cela
Un commencement                 un corrélatif
Une incitation à la réaction du mâle
Du tangible au transcendant
Un parfum irritant de sa fantaisie
Utile                Gina a ses habitudes
Conscience contente
Elle fleurissait dans l’Empyrée
D’où aucune femme bien-mariée ne revient jamais

[…]
Mina Loy, Il n’est ni vie ni mort. Poésie complète,
traduit par Olivier Apert, éditions Nous, 2017


Œuvre de Mina Loy : Clothesline Jesus, 1917

Un poème de Niki-Rebecca Papagheorghiou

On n’en a jamais fini avec l’Odyssée, hein. C'est comme une île au milieu de la mer, on se sent attirée, on est obligée d'y aller, d'y retourner. De s'en agacer.  De la quitter.
Surtout quand on est grecque.




Odyssée

J’errais indéterminée dans l’Odyssée. Epouse le cyclope, me disaient-ils tous. Que vous fassiez croître l’engeance des Cyclopes, que vous ayez des enfants borgnes. Que vous bâtissiez autour de votre caverne des murailles cyclopéennes. Mais moi je craignais l’infirmité et l’enfermement. Qu’elle se déroule sans moi cette Odyssée, où il n’est pas possible d’être Circé, d’être Calypso et Nausicaa.


Οδύσσεια

Πλανιόμουν απροσδιόριστη μες στην Οδύσσεια. Να παντρευτείς τον Κύκλωπα, μου λέγαν όλοι. Ν’αυξήσετε το γένος των Κυκλώπων, να κάνετε μονόφθαλμα παιδιά. Να χτίσετε τριγύρω στη σπηλιά σας Κυκλώπεια τείχη. Μα εγώ φοβόμουν το σακατιλίκι και την κλεισούρα. ΄Ας ξετυλίγεται χωρίς εμένα αυτή η Οδύσσεια, όπου δε γίνεται να είμ’ η Κίρκη, να είμ’ η Καλυψώ κι η Ναυσικά.  


Niki-Rebecca Papagheorghiou, Le Grand fourmilier. Petites proses
édition bilingue, traduit par Evanghelia Stead, Cheyne, 2017


Portrait du Fayoum

Vide-poche : Ivar Ch’Vavar / Marie-Elisabeth Caffiez


« Je croyais ne l’avoir fait – écrire – que pour emmerder Bournois ».
  
Marie-Elisabeth Caffiez, épouse Bournois

Lu dans Marie-Elisabeth Caffiez, Sous les yeux des aïeux
éditions Pierre Mainard, 2017
(ouvrage d’un hétéronyme d’Ivar Ch’Vavar)


© William Eggleston