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Une traduction : deux poèmes de Theodore Roethke


Comme beaucoup d’autres, avant de me mettre à vraiment poétiser moi-même, j’ai fait mes premiers essais (connu mes premiers bonheurs) grâce à la traduction.
Voici un auteur américain du milieu du 20e siècle, peu connu en France : Theodore Roethke, poète des floraisons excessives sous les serres, des tiges coupées, du pourrissement organique qui nourrit la terre et les hommes.




Tailles

Des tiges assoupies dodelinent sur un terreau sucré,
Leur fourrure brindille, compliquée, sèche ;
Pourtant les boutures délicates continuent à amadouer l’eau ;
Les petites cellules gonflent ;

Un noyau de croissance
Pousse du nez une miette d’humus ;
A travers une enveloppe moisie
Pointe une pâle corne vrillée.

 

Tailles, plus tard

Ce désir, cette lutte, cette résurrection des branches sèches,
Des tiges coupées qui s’évertuent à reprendre pied,
Quel saint aura fourni un tel effort,
Se sera dressé sur des membres ainsi mutilés pour vivre à nouveau ?

Je les entends, sous la terre, sucer et sangloter,
Dans mes veines, dans mes os je le sens –
Les eaux ténues qui remontent,
Les grains serrés qui s’écartent enfin.
Quand les germes font surface,
Glissants comme des poissons,
Je vacille, je tends aux commencements, moite de mon enveloppe.


Traduction © Murièle Camac



"From below", photo Michael McCarthy