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Tal Nitzan, "Deux fois le même nuage"


Tal Nitzan est une poète israélienne. C’est aussi une enfant inquiète, une mère contradictoire, un voyageur qui ne sait pas quelle langue parler, un être nourri du chagrin que donnent les pays tourmentés. Yvon Le Men en parle très bien dans la préface du recueil Deux fois le même nuage.

Un extrait du poème « Dans quel pays » :



Je suis assise au coin d’une piscine, plongeant un pied dans l’eau profonde. Quelqu'un me pousse. Peut-être qu’il ne l’aurait pas fait s’il avait su que je ne sais pas nager, me dis-je en coulant. Je m’enfonce jusqu’à ce que mes orteils touchent le fond et alors je rejaillis. Je sors la tête de l’eau et je sais que maintenant je devrais crier « Au secours » avant de couler à nouveau, mais j’ai oublié dans quel pays je me trouve et dans quelle langue je suis supposée crier.

Tal Nitzan, Deux fois le même nuage, Al Manar, 2016


© Sally Mann, Faces


Un poème d'Yvon Le Men


J'ai assisté à une lecture de ses poèmes par Yvon Le Men, à Paris, il y a un an ou deux, et cela m'a marquée. Rares sont les poètes – je trouve – qui sont aussi de vrais comédiens, et des comédiens suffisamment bons pour mettre pleinement en valeur leurs textes. Yvon Le Men est l'un d'eux.

 
Il faut que je te laisse partir
pour que tu reviennes
reviennes

viennes
comme la première
des premières fois

quand dans ta voix
j’ai voulu rester.

Il faisait beau
c’était dimanche
ou peut-être samedi

tu m’as dit
en ce temps-là
à demain

ou peut-être à bientôt.

En ce temps-là
ce n’était pas grave
de ne pas savoir

si c’était demain
ou après-demain

que tu reviendrais.
Yvon Le Men, Chambres d’écho, Rougerie, 2008


Peinture de John McAllister