Spécial mini formats (1)



On ne les trouve pas en librairie. Ni en bibliothèque. Même pas dans les salons des petits éditeurs (c’est dire). Pour y avoir accès il faut être hyper-initiée : c’est-à-dire connaître la revue confidentielle qui s’en occupe et s’y abonner. En général, on fait ça parce que qu’on est soi-même un auteur (inconnu) et qu’on veut soi-même publier (et qu’on pense que Gallimard ne va pas nous accepter du premier coup) et puis qu’on se dit qu’il faut se serrer les coudes entre déshérités. (Ou alors, si ce n’est pas ça, c’est qu’on est un proche de l’auteur).
Donc au début on n’est pas trop sûre qu’ils vont vraiment nous intéresser, ces mini formats, et puis tiens, surprise, en fait, si ! En fait, c’est pas mal du tout !
Les mini formats ont une vie un peu ingrate et pourtant, quand on leur donne leur chance, on y trouve de vrais beaux brins de poèmes.

Ma sélection sera très limitée (je n’ai pas accès à tous les mini formats qui circulent…). Pour commencer, Murièle Modély.



Ça commence
toujours pareil

d’abord
rien

puis bang !
(un point)

rebang !
(une courbe)

rerebang !
(un mot)


Assise par terre
sur la terrasse
le doigt dans mon filet
de salive

j’écris

un mot
une courbe
un poing

ou rien

Murièle Modély, extrait de A la lettre, Mi(ni)crobes n° 38 (revue Microbe)


Sophie Calle, Prenez soin de vous