Je saisis l’occasion du
Prix Goncourt de la poésie attribué récemment à l’un de mes poètes préférés,
Jean-Claude Pirotte, pour glisser ici un poème de lui.
On est loin de la poésie
expérimentale, chez Pirotte on trouvera « Verlaine plutôt que
Rimbaud » – on trouvera Pirotte, surtout, de la mélancolie, de la
fantaisie, de la Belgique, de la musique.
la poésie je sais bien
fichtre que c'est autre chose
mais ce soir ne suis enclin
qu'à l'élégie grise et rose
rythme impair et pauvre rime
de-ci de-là moins que rien
sous les mots et pour la frime
la fleur bleue le joli brin
l'heure est grave et je dépose
néanmoins mes légers riens
céans (mignonne, la rose...)
est-ce mal ou est ce bien?
à toi seule écrire j'ose
où es-tu ? reviens reviens
ma soif ma joie mon armoise
ma vigne ma faim mon vin
cette chanson plus morose
qu’il y paraît je la tiens
de la nuit qui dit les choses
aux pitoyables vieux chiens
Jean-Claude Pirotte, Le promenoir magique, La Table Ronde, 2009