Une vraie belle découverte ce mois-ci dans la revue Phoenix : Valérie Huet, qui vient d’obtenir le Prix Léon-Gabriel
Gros (décerné pour la dernière fois, semble-t-il) pour son recueil Dans la blancheur des signes. Celui-ci est publié en intégralité dans la revue. Valérie Huet est musicienne et déjà auteure de trois autres
recueils.
Au départ, on croit que les très courts poèmes de Dans la blancheur des signes seront de petites bulles de savon légères
et éphémères. Mais rapidement, on se rend compte qu’il s’agit d’autre chose. Chaque
poème a pour titre un nom de couleur, souvent associé à un objet (jaune pissenlit,
brun caramel, rose balais, bleu Berlin…) : la « blancheur des signes »
fait tache. Et les taches de couleur de Valérie Huet se fichent dans le décor
de nos vies pour en pertuber discrètement l’ennui. Des énigmes surgissent, d’abord
infimes, mais qui demeurent et grandissent. On se prend alors à ouvrir les yeux
plus grand pour mieux lire, pour mieux voir. Quelles couleurs distingue-t-on là,
exactement ? Pas celles des nuanciers habituels, en tout cas. Des couleurs
intérieures, de secrètes projections rétiniennes, jamais perçues auparavant.
Bleu asphalte
Dans les coulisses, les coulisses de brume,
couper en tranches les routes mouillées de
pluie.
Gris ardoise
Des années plus tard ils viendront me voir.
Par-dessus les toits
comme les oiseaux.
Jaune soufre
Tous les dangers sont logés autour de nos
vies.
Je pose la main
c’est peu de chose.
Rose aurore
Comme des rêves aux temps préhistoriques,
les violets rougeoiements
du crépuscule.
Valérie Huet, Dans
la blancheur des signes, revue Phoenix,
n° 20, février 2016
© Babette Herschberger |
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