La poésie d'une comédienne : celle de la marseillaise Sarah Kéryna. Des petits
bouts de phrases parlés, comme ça. Des petits
bouts de vie et de mort collés ensemble.
Une brûlure au palais.
Le correcteur d’orthographe.
Comme les vieilles l’après-midi en semaine
au cinéma.
Les chrysanthèmes ont-ils tenu ?
Qui a dit que les morts ne parlent
plus ?
Que la terre est muette ?
Sur la place fin novembre on regarde les
arbres.
Le soleil cogne :
« Même les oiseaux ils
comprennent rien ».
Est-ce que tout s’en va ?
Un meuble neuf dans la salle de bains.
Et un aspirateur qui remarche.
Et : « c’est le corps qui
parle ».
Et être dans les délais c’est être encore
en vie.
La pluie, la terre mouillée,
la forte odeur de feuilles de buis, le
froid des pierres comme
la peau des morts.
Dans le matin lent, s’étirer.
Le jour par la fenêtre.
Je n’aurai jamais de balcon.
Sarah Kéryna, D’un été l’autre
précédé de Le temps de rien, éditions
Contre-pied, 2012
© Claire Soubrane |
Une poésie qui n'entrerait pas dans l'abstraction, comme si elle avait déjà suffisamment à faire avec la vraie vie...?
RépondreSupprimer(L'arbre en témoigne!)
Très belle définition ! Je n'y avais pas pensé ainsi mais ça me semble être tout à fait ça en effet : sous l'air faussement abstrait, c'est la vraie vie qui s'impose.
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