Yoann Thommerel, Mon corps n’obéit plus


Ça peu sembler un peu évident, un peu gadget, peut-être même un peu con, mais en fait, quand on remplace l’habituel « je » poétique par « mon corps », ça change toute la perspective. Ça crée une drôle de distance entre « mon corps » (de lectrice) et le texte, et en même temps, les divers plans du texte semblent se confondre. Il vaut mieux lire ce que fait Yoann Thommerel pour comprendre.



[…] Mon corps allume mon ordinateur pour écrire de la poésie. Mon corps écrit de la poésie. Dans sa poésie mon corps parle de lui. Mon corps se relit. Mon corps trouve sa poésie trop basique. Mon corps s’ennuie dans sa poésie. Mon corps décide que c’est à cause de Garamond. Mon corps trouve sa poésie trop à l’étroit dans cette police-là. Mon corps cherche des nouveaux caractères typographiques sur un site spécialisé. […]

Yoann Thommerel, Mon corps n’obéit plus, éditions Nous, 2016


Jasper Johns, Colored alphabet

4 commentaires:

  1. Texte curieux qui met en exergue le dédoublement de celui qui se regarde vivre et songe- pensée magique sans doute- qu'il lui est possible d'outrepasser ses limites. La poésie devrait tout permettre, même d'aller au-delà des mots et de l'alphabet. Rimbaud l'a expérimenté jusqu'à l'impossible, jusqu'à y renoncer et se tourner vers d'autres horizons. Rien n'empêche de le tenter à nouveau , chacun à la mesure de son "impulsion créatrice". ..O Rumeurs et Visions"! Le moment adolescent ne rime pas avec la limite ... Marie Brigitte Ruel

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    1. Le texte comme corps (corps du texte), comme ville (police / polis)... tout est possible en effet.

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  2. ton article me donne envie d'en lire plus

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