« Pays maternel » :
le poème (et le recueil) le plus emblématique de la poésie de Rose Ausländer. Pour
reprendre les termes d’Edmond Verroul (traducteur du recueil aux éditions Héros-Limite), ce texte se
déploie à partir d’un « effondrement total, sans appel et sans recours »
— celui causé par l’expérience du ghetto et du totalitarisme pendant la Deuxième Guerre mondiale, puis de l’exil. Une
écriture maigre, ascétique, délestée de tout superflu, et par là proche de la
grâce.
Immaculé
Pas la neige
D’une plus grande
blancheur que
Les signes que l’ermite
Inscrit
Sur le tableau de la
solitude
Parfaitement immaculé
Le temps
*
Pays maternel
Ma patrie est morte
Ils l’ont réduite
En cendre
Je vis
dans mon pays maternel
Le verbe
Rose Ausländer, Pays maternel,
traduit par Edmond Verroul, Héros-Limite, 2015
Lithographie de Zoran Music, « Wir sind nicht die Letzten » (« Nous ne sommes pas les derniers ») |