Leur monde, c’est un mélange de brutalité et d’honneur.
Leurs dialectes rugueux sentent le peuple et les ancêtres. C’est une langue de
vaincus et de violence mais une langue de vie, c’est de l’énergie brute qui
circule dans les mots. Leur espace est mutilé par les murs et les grilles. Leur
temps aussi. Un temps de murs et de grilles et de clés qui tournent bruyamment
dans les portes blindées : dix, quinze, vingt ans de prison, toute une vie
peut-être. Leur plus grand désir, c’est la liberté.
Alors quand ils jouent Jules César dans leur prison, ils comprennent tout naturellement
de quoi ça parle : le meurtre, la violence, les réticences et les remords,
le désir impérieux de liberté et l’idée de l’honneur – et la défaite à
l’horizon, toujours. Alors le texte de Shakespeare semble avoir été écrit en
sicilien ou en napolitain. Alors les lieux de pouvoir et de grandeur, les
palais, le Sénat romain, deviennent une prison d’où l’on ne peut jamais
s’échapper. Les mafieux minables trouvent en eux-mêmes une noblesse
insoupçonnée. Et les grands de ce monde se révèlent aussi misérables que les
petits truands sans avenir qu’ils sont aussi.
César doit mourir, des frères Taviani |
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