Royauté (et mystère) de Rimbaud


Une petite envie de Rimbaud.
Personnellement, ce n’est qu’à 30 passés que j’ai – je ne veux pas dire compris, ce n’est pas le bon mot – mais que j’ai embrassé la poésie de Rimbaud, comme une aube d’été. Ça m’a pris des années, des années.
A vrai dire, Rimbaud a tendance à m’exaspérer, encore maintenant. Son côté trop adolescent me saute aux oreilles, je trouve qu’il exagère, j’ai envie de ne pas être d’accord. Mais, plus encore qu’il m’exaspère, il me sidère, à chaque fois. Chaque mot qu’il utilise me semble à la fois totalement étranger à mon langage et exactement celui qu’il faut.
L’un des plus grands mystères de la poésie.


Royauté

Un beau matin, chez un peuple fort doux, un homme et une femme superbes criaient sur la place publique : "Mes amis, je veux qu'elle soit reine !" "Je veux être reine !" Elle riait et tremblait. Il parlait aux amis de révélation, d'épreuve terminée. Ils se pâmaient l'un contre l'autre.
En effet ils furent rois toute une matinée où les tentures carminées se relevèrent sur les maisons, et tout l'après-midi, où ils s'avancèrent du côté des jardins de palmes.

Arthur Rimbaud, Illuminations

Camille Claudel, La valse

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