Au printemps dernier,
Guillaume Decourt, dont j'avais déjà fort goûté le Polder, a publié un
délicieux petit recueil chez Passage d’Encres, Diplomatiques.
Il s’agit d’une autobiographie
en sonnets et pantoums, en rondeaux et triolets. Decourt raconte son échec
en tant qu'enfant musicien prodige, et en faisant cela il trouve sa musique d’adulte
poète. Enfant de diplomate, il dit le ballet des baisemains dans les ambassades,
les embrassades dans le foin loin de toute ambassade, et le ballet des noms
étranges comme Intifada ou Weihnachtskuchen que sa langue poétique marie sans
cérémonie.
Il évoque aussi un autre échec, une amitié par lui sacrifiée, désertée,
et sa poésie y trouve une profondeur inattendue : la mélancolie du remords,
la nécessité de faire réparation. On n’est jamais vraiment à la hauteur, semble
dire Guillaume Decourt, pianiste paralysé et ami infidèle, toujours un peu « à
contresens » – mais écrirait-on de la poésie si ce n’était pas le cas ?
Mon amie du hameau savait pêcher la truite
A la main et le buron proche la rivière
Devenait notre rendez-vous à l’heure dite
Je l’y retrouvais ligne appât mouches et vers
En poche elle glissait sa main sous un rocher
Elle avait l’art de bien caresser le poisson
Avec patience avant de lui déchirer les
Ouïes majeur et pouce en guise d’hameçons
Truite à terre elle dansait avec une joie
A démolir le monde entier à faire fuir
Un homme heureux à rendre le bonheur bien bas
A faire sembler l’espérance malhonnête
J’imaginerai toujours son éclat de rire
Enfoncé dans les monts comme une colonnette
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