Note de lecture: "Je te vois" de Murièle Modély

Murièle Modély a publié quatre recueils en deux ans : un beau rythme, qui dit l’urgence de l’écriture chez cette poète dont je suis l’évolution depuis le début. Elle vient de faire paraître Je te vois aux éditions du Cygne.

Il y a toujours un fil narratif dans les recueils de Murièle Modély, et c’est le cas ici. Mais le minimalisme est de mise : un couple dans une chambre, c’est tout. Une femme et un homme, « je » et « tu ». Deux corps nus, qui « font l’amour » ou « baisent » (c’est selon) puis se séparent ; un regard qui se pose sur l’autre (« je te vois ») ou bien s’en éloigne ; une langue qui cherche à émerger, avec les mêmes difficultés et hésitations, avec les mêmes va-et-vient que le couple se formant et se déformant. Dans Je te vois, le regard est un sexe et le sexe un instrument d’écriture. Les seuls moyens d’espérer laisser le « chaos » dehors.



les spasmes
sont les flèches plantées dans le petit matin
de mon demi sommeil
qui hésite
pressent la chute
l’amour
disparu
à venir
je mets ton visage en plein cœur de la cible
mes yeux sont ouverts l’arc est entre mes mains
mon geste est sûr la pointe entre tes reins
je tire :
tout revient à sa place


Murièle Modély, Je te vois, éditions du Cygne, 2014


Photo Henri Cartier-Bresson

4 commentaires:

  1. merci Murièle pour ton oeil sur mes mots :)

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  2. Et la flèche a été bue ,
    La chaleur s'est répandue,
    La cible n'a subi de blessure,
    Que de celle, d'une fontaine pure.

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