Murièle Modély a publié
quatre recueils en deux ans : un beau rythme, qui dit l’urgence de
l’écriture chez cette poète dont je suis l’évolution depuis le début. Elle
vient de faire paraître Je te vois
aux éditions du Cygne.
Il y a toujours un fil
narratif dans les recueils de Murièle Modély, et c’est le cas ici. Mais le
minimalisme est de mise : un couple dans une chambre, c’est tout. Une
femme et un homme, « je » et « tu ». Deux corps nus, qui
« font l’amour » ou « baisent » (c’est selon) puis se
séparent ; un regard qui se pose sur l’autre (« je te vois ») ou
bien s’en éloigne ; une langue qui cherche à émerger, avec les mêmes
difficultés et hésitations, avec les mêmes va-et-vient que le couple se formant
et se déformant. Dans Je te vois, le
regard est un sexe et le sexe un instrument d’écriture. Les seuls moyens d’espérer
laisser le « chaos » dehors.
les spasmes
sont les flèches plantées
dans le petit matin
de mon demi sommeil
qui hésite
pressent la chute
l’amour
disparu
à venir
je mets ton visage en
plein cœur de la cible
mes yeux sont ouverts l’arc
est entre mes mains
mon geste est sûr la
pointe entre tes reins
je tire :
tout revient à sa place
Photo Henri Cartier-Bresson |
merci Murièle pour ton oeil sur mes mots :)
RépondreSupprimerMon oeil en tout bien tout honneur, hein...
Supprimerof course ;)
SupprimerEt la flèche a été bue ,
RépondreSupprimerLa chaleur s'est répandue,
La cible n'a subi de blessure,
Que de celle, d'une fontaine pure.