Acheté ce week-end au Salon du livre, au stand des éditions Henry, et lu
dans la foulée : le recueil de Cécile Guivarch Vous êtes mes aïeux, une méditation sur ce
qui nous relie (ou non) à nos ancêtres, ces gens dont on vient et dont on
ignore tout ou presque.
C’est une question qui me touche – qui touche, je pense, la plupart d’entre
nous. Même si tout le monde n’est pas concerné. L’anthropologue Philippe
Descola signale que les Jivaros d’Amazonie dont il a partagé l’existence pendant
plusieurs années vivent dans un désintérêt total pour leurs aïeux, que souvent les
petits-enfants ne connaissent même pas le nom de leurs grands-parents. Les Jivaros
Achuar ne sont pas leurs ancêtres. Nous, à quel point sommes-nous nos ancêtres ?
vos noms plein la tête
(je ne sais quoi en faire)
vos silhouettes s’écroulent
sinon me retiennent
qu’avez-vous fait de moi
vous m’aimiez autant
vous êtes avec moi sous le ciel
dans mon sang
*
vous déterrer
vos langues pourries
ne disent rien
ni vos reliques
je n’en peux plus
d’autant d’immobilité
*
faut que vous soyez morts
alors on sait que la vie sans nos morts
n’est rien que vous ramassés sur nos dos
à parler au creux de nos oreilles
Cécile Guivarch, Vous êtes mes aïeux, éditions Henry, 2013
Christian Boltanski, Le reliquaire |