La série "Répondre", dont le n° 18 de la revue Phœnix a publié quelques poèmes (voir
post précédent), est constituée de textes inspirés par divers spectacles,
expositions ou lectures : mes tentatives de réponses aux créations de mes
contemporains (créations visibles à Paris, en ce qui me concerne).
Parmi celles-ci, les œuvres chorégraphiques de Pina Bausch sont d'une telle
puissance qu'elles donnent particulièrement envie de participer à la conversation. C'est
encore plus vrai, pour moi, de Palermo Palermo,
spectacle inspiré par une ville où j'ai moi-même vécu et travaillé pendant deux ans.
(Le texte est légèrement modifié par rapport à celui donné par Phœnix).
Un mur s’effondre
le bruit que ça fait
la poussière que ça fait
l’effroi que ça fait
et tout ce qu’il y avait
derrière
maintenant devant nous
sans compter la
possibilité de mourir
tous ces parpaings par
terre
on les laisse là comme
ça ?
ça fera un souvenir de
l’événement
ça fera un nid à rats
mur de Berlin
Ground Zero
effondrements
dans le vieux port de
Palerme
on n’a touché à rien
depuis les bombardements
de la
seconde guerre
tu es pierre et sur cette pierre
que faut-il faire des
ruines
un nouveau chantier
une démangeaison
les oublier
je bâtirai mon Eglise
comment savoir
quoi faire du passé et de
l’avenir
et la vue qui s’est
soudain dégagée
on ne peut pas dire que
ce soit
une surprise finalement
(d’après Palermo Palermo de Pina Bausch)
Que faut-il faire des ruines ?
RépondreSupprimerL'usure et le défilé des ans,
Le poids et l'ennui,
Les insectes les perforant,
Les poutres ont fatigué,
Plié et puis renoncé.
Il n'y a même pas eu de choc,
On a touché à rien,
Juste un repli sur soi...
Et tout a basculé,
S'est mélangé, enchevêtré,
Ouvert sur le ciel.
C'est maintenant un creux.
A la façon d'une dent cariée,
A peine dissimulée
Derrière une palissade.
Des gravats où prolifèrent,
Les herbes folles .
Et même un petit arbre...
Une sorte de revanche ,
Une place sauvage,
Encadrée de vieux papiers peints.
Les chiens errants s'y glissent,
Une parenthèse au milieu de la ville .
Rien ne s'y passe,
Enfin aucun projet
Pour reconquérir la place.
Rien à sauvegarder,
Comme ces temples déchus,
Dont on récupère les pierres.
C'est peut-être que l'on s'attend
A ce que les maisons voisines,
S'écroulent à leur tour.
Par effet de dominos.
Des chantiers s'activent ailleurs,
Puisque la vie s'est transportée ailleurs,
Aussi.
-
RC