Vide-poche : Jean-Luc Godard et André Wilms



Il y a une phrase de Jean-Luc Godard que les articles et l’Internet aiment à citer : « La culture c'est la règle, l'art c'est l'exception ». Elle est belle mais elle semble être apocryphe ; en effet dans le film JLG JLG, Autoportait de décembre, d’où censément elle est tirée, on ne la trouve pas telle quelle – la preuve sur Youtube. (Si quelqu'un peut m’apporter d’autres éclaircissements à ce sujet…)

Peu importe. (Ou si, quand même : la vérité des faits et l’honnêteté intellectuelle, personnellement, j’y tiens). Sur le même sujet, et dans la même perspective, j’avais noté il y a un certain temps, quelques années, je ne sais plus quand exactement, une réflexion pénétrante de l’acteur André Wilms (c’était dans Télérama, je crois). Il réfléchissait à son travail de comédien avec le metteur en scène Klaus Michael Grüber et, de là, à la notion d’art. Je rapporte aujourd’hui ses propos parce qu’ils me semblent très éclairants et très vrais, bien plus précis que ceux (réels ou fictifs) de Godard ; et que ce ne sont pas des idées que l’on entend exprimées très souvent — pas assez en tout cas. 

L’importance de la culture est sur toutes les lèvres, mais la réalité étrange et irréductible que recouvre le mot « art », cela ne semble guère concerner l’époque contemporaine. Peut-être jamais aucune époque ne s’est-elle d’ailleurs sentie concernée au premier chef par cela.



« Avec lui, c'était une cure d'amaigrissement. Quelque chose d'extraordinaire : l'art contre la culture. Depuis, j'ai souvent l'impression de faire de la culture et très peu d'art. L'art, c'est monstrueux, indescriptible, c'est méchant, sans concession. Le public ne s'y intéresse pas. Tout le reste, c'est de la culture, de la politique culturelle, de la culture d'entreprise. »

André Wilms à propos de Klaus Michael Grüber



Lucian Freud, The Artist at Work

2 commentaires:

  1. ah oui excellente remarque de Wilms qui illustre vraiment bien ce que faisait Grüber, qui était souvent sans concession. le seul metteur en scène de mon point de vue qui quoique (ou plus sûrement parce que) étranger, a su créer une Bérénice de Racine, parfaite. Comme Racine ne supporte que la perfection, c'est la seule fois où j'ai vu un bon Racine au théâtre. Je me souviens aussi de son Faust à la salpêtriêre il y a fort longtemps qui avait fait scandale. Wilms en était d'ailleurs. Pour en revenir à cette question d'art et de culture, il n'est qu'à consulter les pages cultures de google, orange, yahoo etc pour s'apercevoir qu'on y parle de bien des choses sauf d'art.

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    1. Merci pour ces précisions sur Grüber - j'avoue à mon regret que je ne connais pas son travail. Le théâtre est un art éphémère !

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