« La surface peinte
a ses lois qui ne sont pas celles du monde. […] Bonnard déforme pour rendre
visible. ‘Déformation pour la visibilité’, écrit-il dans son journal. Et cela
fait de lui un acteur majeur de la modernité, un acteur silencieux, certes. Car
il est le dernier représentant de la peinture muette […]. Les avant-gardes,
elles, on le sait, seront bruyantes et bavardes, elles prôneront à grand renfort
de scandales et de manifestes la disparition des formes classiques du nu. Bonnard,
lui, ne prône pas cette disparition, il la montre. Il sait qu’il peut toucher
avec sa seule sensibilité, qu’il est inutile de prêcher quand le silence de la
peinture suffit, qu’une œuvre n’est jamais aussi puissante que lorsqu’elle s’abstient
de toute forme démonstrative, de toute idée militante. Ni doctrine ni principe
à défendre. La théorie, qu’elle soit classique ou révolutionnaire, est toujours
appauvrissante. Seul compte pour l’artiste, comme il l’écrit à Matisse, de
posséder ‘un esprit nettoyé de toute vieille convention esthétique’. Un esprit
libre. »
Philippe Comar, « Marthe nue », in Pierre Bonnard. Peindre l'Arcadie, Musée d’Orsay, 2015
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Pierre Bonnard, Sortie de la baignoire, 1926-1930 |
En va t-il de même pour la poésie...?
RépondreSupprimerÇa se pourrait bien. Je laisse chacun juge... Mais bon, le parallèle me convient, oui.
SupprimerVery good article, Thank you so much for nice information.
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