Comme beaucoup d’autres, avant de me mettre à vraiment poétiser moi-même, j’ai fait mes premiers essais (connu mes premiers bonheurs) grâce à la traduction.
Voici un auteur américain du milieu du 20e siècle, peu connu en France : Theodore Roethke, poète des floraisons excessives sous les serres, des tiges coupées, du pourrissement organique qui nourrit la terre et les hommes.
Tailles
Des tiges assoupies dodelinent sur un terreau sucré,
Leur fourrure brindille, compliquée, sèche ;
Pourtant les boutures délicates continuent à amadouer l’eau ;
Les petites cellules gonflent ;
Un noyau de croissance
Pousse du nez une miette d’humus ;
A travers une enveloppe moisie
Pointe une pâle corne vrillée.
Tailles, plus tard
Ce désir, cette lutte, cette résurrection des branches sèches,
Des tiges coupées qui s’évertuent à reprendre pied,
Quel saint aura fourni un tel effort,
Se sera dressé sur des membres ainsi mutilés pour vivre à nouveau ?
Je les entends, sous la terre, sucer et sangloter,
Dans mes veines, dans mes os je le sens –
Les eaux ténues qui remontent,
Les grains serrés qui s’écartent enfin.
Quand les germes font surface,
Glissants comme des poissons,
Je vacille, je tends aux commencements, moite de mon enveloppe.
Quel beau poème, classique et beau, jolie traduction, pour moi, une découverte.
RépondreSupprimerSi bien rendu le renouveau de la terre qui germe, la surprise attendue à chaque printemps.
Comme toujours, le photo superbe, suggestive est un plus, j'adore!
M.B. Ruel
C'est un poète qui mériterait d'être plus connu en France, je trouve. Je suis ravie qu'il vous plaise, ainsi que la photo !
SupprimerBonjour Murièle,
RépondreSupprimerJ'ai récemment découvert la poésie de Theodore Roethke que j'aime beaucoup et voudrais vous proposer de travailler ensemble sur un recueil de traductions de sa poésie. D'autre part, j'aimerais savoir de quel recueil viennent les deux poèmes que vous avez traduits.
vous remerciant par avance
charleslaviatranslations@gmail.com
Bonjour Charles,
SupprimerMerci de votre intérêt pour ces traductions. Elles sont tirées du recueil "The Lost son and Other poems" (titres : "Cuttings" et "Cuttings, later").
Je vais vous envoyer un mail pour poursuivre la discussion...