Un poème autobiographique ! Un train bondé, la nuit, qui reste à quai en gare de Poitiers. Moi assise sur un strapontin à l’entrée, faute de place ailleurs. Tout est étrangement silencieux. Je regarde l’heure : 22h22.
Ce poème a été publié dans la vénérable revue Décharge.
22h22
le train est à l’arrêt rien ne bouge rien ne bruit
ni dehors ni dans le wagon débordant
d’une humanité hypnotisée
une vitre noire révèle un mot en blanc « sreitioP »
par la porte ouverte on voit les quais les bâtiments de la gare
un bout de drapeau français
la nuit de septembre ni chaude ni froide
un jeune homme prêt à monter
une jeune fille éloignée de deux pas
tous deux fument
silencieux et fatigués comme la nuit
concentrés comme en mission
comme en prière
ils ne se regardent pas ne se parlent pas
je fais semblant de ne pas les regarder
le petit contrôleur zélé qui va et vient
est le seul actif et réveillé ici
le seul à savoir ce qu’il doit faire et comment
et pourquoi
Bluffée par cet art de suggérer un moment de vie apparemment banal .
RépondreSupprimerVous en faites une métaphore. L'attente, la vacuité de l'instant, le contretemps absurde , "l'humanité hypnotisée".
Celle qui fait semblant de ne pas regarder et le seul actif "zélé" qui sait...Une métaphysique du quotidien.
La photo ...étrange, silhouette dans la brume , superbement placée là.
Marie-Brigitte Ruel
Merci (et pour le photographe aussi !)
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