Je crois ceci : un poème est un produit de l’émotion et non de l’intelligence ; mais il y a plusieurs types d’émotion, comme il y a plusieurs types d’intelligence (utilisés au singulier comme on le fait d’habitude, ces deux mots ne veulent pratiquement rien dire).
L’émotion qui préside à la naissance d’un poème me paraît assez clairement identifiable. Ce n’est pas une émotion intellectuelle (celle qu’on éprouve en résolvant un problème mathématique difficile) ; ni une émotion esthétique (celle qu’on éprouve particulièrement devant une œuvre d’art, une musique) ; c’est spécifiquement une émotion qu’on pourrait qualifier de langagière. L’émotion particulière éprouvée en entendant un mot qui, à l’improviste et sans raison apparente, frappe l’oreille ; ou en lisant tels mots assemblés ensemble et dont l’association semble soudain lumineuse. On pourrait dire bien sûr que ce type d’émotion relève aussi, et à la fois, de l’intellectuel et de l’esthétique. Il me semble malgré tout que c’est une expérience bien distincte. Je ne sais pas ce qu’en disent les spécialistes (car je suppose qu’il y en a).
Mais je sais que c’est ce qui me guide toujours, comme lectrice et comme autrice de poèmes.
Simone Martini, Annonciation(détail)
Je souscris pleinement à ce que vous écrivez. L'émotion est l'impulsion qui pousse à écrire sinon pourquoi gâcher du papier ?
RépondreSupprimerL'émotion aussi pour celui qui découvre le poème, s'il y a surprise, il y a a émotion. Il y a émotion quand on est pris au dépourvu, saisi par quelque chose qui trouble et qu'on n'attendait pas. Il peut y avoir aussi une part d'intellectuel et d'esthétique mais autour de l'émotion qui est première , nécessaire pour "toucher".
M.Brigitte Ruel