Suzanne Doppelt : Amusements de mécanique


La nature, la forêt, ses herbes et ses flaques d’eau, ses silences et ses échos, vus comme une énigme à élucider, comme un cosmos à résoudre (le Cosmos de Witold Gombrowicz inspire ce livre). Il suffit de changer la perspective, par exemple de se faire araignée pendue au bout d’un fil, pour que tout se déplie, se déploie différemment. Le regard est une drôle de mécanique avec laquelle Suzanne Doppelt s’amuse. Des images passent, « un endroit où l’esprit le plus logique est susceptible de faillir », « un film ou un rêve que l’on fait à moitié éveillé ». Ce sont des solutions d’optique alternatives.





le liseron s’enroule à droite et quand il fait chaud le trèfle remue à vue d’œil, rien ne bouge autant qu’un végétal sinon un animal, le scarabée chemine et l’escargot alterne des phases de voyage et d’immobilité car chacun en se mouvant marque un temps d’arrêt à un moment ou un autre, quant à l’homme qui marche et qui cherche, il s’arrête à peu près quand il veut. Pour continuer ou revenir sur ses pas, s’écarter, zizgaguer, changer de cap, dans ce théâtre de verdure c’est un automate fouineur dont le trajet capricieux et macabre refait le monde, des distances étonnantes, des virages affolants et des flèches souvent, pour lui indiquer le bon sens, fabrique un mélange de traits, une belle arborescence qui prend forme suivant le lieu et l’heure. Midi celle sans ombre, le trafic y est réduit et le chemin lui-même devient méditatif, un long poste d’observation, ou la nuit et comment la réalité surgit d’une promenade maniaque mais retombe chaque fois dans le chaos pour ce piéton infatigable

Suzanne Doppelt, Amusements de mécanique, P.O.L, 2014


© Carol Panaro Smith & James Hajicek

2 commentaires:

  1. c'est avec "Lazy Suzie" (P.O.L. 2009) que j'ai découvert Doppelt... "Si ton oeil était plus aigu tu verrais tout en mouvement et en perspective"... Elle semble continuer de creuser le même sillon, je veux bien la suivre...

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    1. Suivons son regard ! Je ne l'avais jamais lue avant ce recueil, je l'avoue. Pour moi c'est une belle découverte.

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