Samaël Steiner, jeune poète, publie aux éditions Le Citron gare un touchant premier recueil traversé par les
grandeurs qui font la vie : amour, amitié, voyages, nuit, villes, lumière
— et puis la mort bien sûr, qui inspire notamment « Un chant ». Cette
dernière section très émouvante est dédiée à l’ami-amant, emporté par « la
maladie, droite et tenace, avec sa langue jaune, / et son sexe qui pend dans
ses bottes ».
C’est une manière,
peut-être, de te dépecer,
de laisser derrière toi,
aux ronces des bosquets,
les vêtements de nuit,
puis la peau
et la chair
pour paraître, un matin,
au sortir de la nuit
corps d’os
tenace
sur lequel on voit le
souffle courir
sans plus aucune enveloppe,
mais sans pourtant se
mêler au vent.
Samaël Steiner, Seul le bleu reste,
Editions Le Citron gare, 2016
Egon Shiele, Autoportrait |
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