La revue Europe, en écho au
dossier César Vallejo que je mentionnais dans mon dernier post, publie aussi une
poète péruvienne contemporaine, Victoria Guerrero Peirano. Elle conseille dans un ses poèmes de ne
« pas baisser la tête » et d’être « plus Vallejo que Vallejo au
congrès antifasciste »… Voici un autre de ses poèmes en extrait.
La maison rouge, 1
(…)
Moi par contre il y a des jours où j'avale le langage
Je le laisse fermé à clé chez moi
Mon chat en est le gardien
Et je sors dans la rue pour voir et vivre un peu
Juste un regard pour les pauvres gens qui me parlent
Ou un geste
Ils ne comprennent pas que j’ai laissé la parole chez moi
Certains sont comme les perroquets
Ils sautent sans cesse d’une idée à l’autre
Je ne sais comment les fuir
Je m’échappe
Le vent du retour est oblique
J’arrive chez moi, mon chat se roule par terre
Je sais qu’il veut mes caresses
Il ne veut pas de mots
Il est comme ça
C’est mon maître
Mon maître du langage (…)
Victoria Guerrero Peirano, traduit de
l’espagnol par Laurence
Breysse-Chanet,
Europe n° 1063-1064,
nov.-déc. 2017
Pierre Bonnard |
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