Thibault Marthouret : un poème du recueil "En perte impure"


Complément au post précédent : de Thibault Marthouret, il faut aussi lire le premier recueil En perte impure, de la même qualité que son deuxième Qu’en moi Tokyo s’anonyme. On y trouve déjà le même souci souvent incongru des détails associé à une prise de distance déphasée, d’où naissent à la fois l’humour et le « décalage étrange / du silence / et de la perte ».
Un exemple (parmi les plus légers et drôles) :



dur, dur à Baden-Baden

s’emmerder à Baden-Baden
comme la serviette pliée dans son verre en cristal
un ennui local
un ennui de cloître

            midi
pourtant je mange à la carte
            et soir

j’épie dans les pissotières
nourris les ânes au parc
reste assis sur l’unique banc tagué
je déborde d’activités

            midi
pourtant à Baden je me barbe
            et soir

            et midi
me barde pour une rixe qui n’arrive pas
            le soir

il faut me voir, jumelles en bandoulière,
attendre, binoculaire,
un bout de chair qui dépasse,
un pet de travers

[…]

Thibault Marthouret, En perte impure, éditions Le Citron Gare, 2013


Edouard Vuillard, L'Avenue

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