Félix Vallotton, peintre du tournant du 20e
siècle, est un artiste étonnant. Certains de ses portraits – ses autoportraits
notamment – sont dignes non seulement d’Ingres, sa référence, mais aussi des
meilleurs maîtres de la Renaissance au dessin troublant de netteté. Ses scènes
d’intérieur, apparemment paisibles, intriguent et dérangent sans que l’on
comprenne bien pourquoi. Quand il peint des paysages, il peint des énigmes. Il
annonce la modernité froide et mélancolique d’Edward Hopper (et ce dernier
s’est en effet inspiré de lui), mais il évoque aussi, parfois, l’abstraction
habitée de Rothko par exemple.
Félix Vallotton, Coucher de soleil |
Et à côté de cela, il produit aussi tout le long de sa vie
des œuvres consternantes, notamment de grands tableaux mythologiques
complètement kitsch et ridicules. On se demande comment le même homme, le même
artiste, a pu atteindre de telles extrémités dans le bon et dans le mauvais.
Mais c’est justement ce qui passionne dans l’exposition du Grand Palais actuellement consacrée à ce peintre : plus encore peut-être que de
découvrir ses tableaux les plus exceptionnels, on est stupéfaite d’assister au
contraste entre des réussites remarquables et des fiascos embarrassants. Et de
voir à quel point il s'en faut finalement de peu pour qu'un artiste de très
grand talent bascule dans le ratage total.
Félix Vallotton, Retour de la mer |
Je viens de visiter cette exposition, comme vous, je suis étonnée par le contraste entre les différentes périodes, notamment la dernière qui exprime une certaine "haine" envers les femmes.
RépondreSupprimerCela n'enlève rien à ce génie des couleurs et des formes auxquelles il a su donner une vie originale.
Sa vision des femmes est assez consternante. Mais bon, s'il fallait rayer de nos listes tous les artistes ou écrivains misogynes, il ne resterait plus grand monde... (y compris parmi les femmes...) Le problème est surtout que sa misogynie le rend mauvais !
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