Vide-poche : Antoine Emaz
Je ne peux comprendre une
poésie sans émotion parce que l’ennui me saisit immédiatement, autant que le
sentiment du dérisoire. C’est bête à dire, mais il faut qu’un livre me touche,
qu’il me donne un surcroît de vivre autant que de langue, sinon pourquoi
veut-il me voler mon temps ?
Vide-poche : Geneviève Peigné
La poésie comme faire les vitres
tant d’efforts
pour éclaircir au mieux
la séparation.
Geneviève Peigné in A défaut de miracle, aux éditions Potentille, 2012
© Bernard Guillot |
Hommage aux revues (3) : Jean-François Mathé dans Friches
Si l’ombre de la moindre feuille qui s’envole
est une main,
je lui donne la mienne
pour partir loin d’ici
où mes cinq doigts
n’ont jamais rien su saisir.
Sont passés l’eau, le sable, le temps,
je reste vide comme le vent d’un pays sans arbres
et le regard clair de n’avoir rien vu.
J’irai où le veut l’ombre,
le cœur papillon encore vivant
battant contre des lampes toujours éteintes,
comme éteintes les illusions.
Jean-François Mathé dans Friches n° 109
Helene Schjerfbeck, Autoportrait à la tache rouge |
Soirée Verso : lecture à la Lucarne des Ecrivains
Mercredi 11 juin 2014 à 19h30 :
SOIRÉE AVEC LA REVUE
VERSO
à la librairie La Lucarne des Écrivains à Paris
En présence d’Alain
Wexler, et en compagnie des poètes Murièle Camac, Guillaume Decourt,
Rodolphe Houllé et Elisabeth Rossé.
Hommage aux revues (2) : Torild Wardenaer dans Décharge
Comment aborder la poésie internationale contemporaine sans l'aide d'un médiateur comme les revues ? Par exemple, que connaîtrais-je du charme de certains poètes norvégiens sans les échantillons qu’en
donne le numéro 154 de Décharge ?
Un texte de la poète Torild Wardenaer, née en
1951 :
Rapport de déesse VII
J’entends quelqu'un dire que Paris a rompu ses amarres et
qu’on l’a vu planer au-dessus d’une cour d’école en
Finlande. Cela ne me surprend pas, j’ai toujours pensé que les métropoles finiront par se détacher pour dériver vers le nord, vers les
grands deltas de la Laponie. La rumeur m’incite à lire la théorie de la relativité, mais
je n’y comprends vraiment rien, et au lieu de ça je taille dans ma chevelure,
elle est belle et sombre pleine de minéraux de traces de matière alors je
l’étale sur la terre du carré de légumes m’en retourne tout droit vers l’an
1410 me jette dans l’herbe car c’est l’été et je suis dans la force de l’âge et
l’Hadès, heureusement, n’est qu’un lieu quelque part dans l’Antiquité.
Torild Wardenaer, Décharge n° 154
(traduit par Anne-Marie
Soulier)
© Elena Chernyshova, série Norilsk |
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