Toujours tiré de l’anthologie
grecque bilingue Ce que signifient les
Ithaques. 20 poètes grecs contemporains, une réflexion en prose de Thanassis
Hatzopoulos sur la passionnante question (je trouve) des liens entre lieu et
poésie. J’avais déjà abordé brièvement cette question ici.
Apprentissage par cœur ou relevé topographique
Apprends par cœur le
lieu. C’est le seul chemin vers le poème. Apprends par cœur le lieu et sa
manière. Montagnes, pierres, golfes, ravins, végétation basse et haute, altitudes
et mers, fonds marins. Apprends par cœur leurs formes et leurs habitudes, à
travers les années et les saisons, leur comportement et les noms qui en
découlent directement. Apprends par cœur les lignes qui gravent les yeux. Comme
un relevé du paysage, une topographie. (…) Ainsi que l’histoire du paysage, celle
qui est gravée, la mémoire en même temps que l’oubli. Tout ce qui est resté en même
temps que les pertes, surtout celles-ci. Puisque le paysage est déjà dans la
langue un code, avec des termes de monts, d’eaux et de torrents, avec des
indications de littoral, de plantes et de phares, avec la sémantique des
saisons et la parasémantique des années. Puisque le lieu est déjà présent dans
le poème. Le présent de la langue.
Tiré du recueil Verbes pour la rose, Esquisse
de poétique
(Ρήματα
για το ρόδο, Σχεδίασμα ποιητικής),
1997.
Texte original et traduction de Marie-Laure Coulmin Koutsaftis in Ce que signifient les Ithaques. 20 poètes
grecs contemporains, Biennale Internationale des poètes en Val de Marne /
Le temps des cerises, 2015
© Helene Schmitz, série "Kudzu Project" |
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